Taxe livres d’occasion 2025 : la contribution de 3 % qui redistribuera (ou pas) les cartes du secteur

partagez ce post

Le 31 mai 2025, quarante-et-un auteurs – dont les récents Goncourt Jean-Baptiste Andrea et Brigitte Giraud – publient dans Le Monde une tribune dénonçant la manière dont la revente de livres d’occasion « cannibalise en silence » leurs revenus. Dans la foulée, les pouvoirs publics relancent l’idée d’une taxe sur les livres d’occasion de 3 % sur chaque transaction d’occasion. Entre promesse de justice pour les créateurs et crainte d’un frein à l’économie circulaire, le débat s’enflamme. 

Un marché d’occasion qui pèse (très) lourd

  • 18,2 % : part du livre d’occasion dans les achats de particuliers en 2023 d’après le ministère de la Culture

  • +70 % de croissance en 2024 pour La Bourse aux Livres, pure player français passé de 120 000 à plus de 200 000 ventes mensuelles  .

  • Le Monde estime qu’un roman sur quatre change déjà de main via la seconde main 

Prix plus doux en période d’inflation, geste écologique (1,3 kg de CO₂ évités par exemplaire non réimprimé) : les raisons du succès sont convergentes et attirent des géants comme Momox ou des initiatives solidaires telles Label Emmaüs.

 

Le cri d’alarme des auteurs

Dans Le Monde, le collectif réclame qu’un « droit d’occasion » assure enfin une rémunération continue quand un livre circule. Télérama relaie l’angoisse : certains titres basculent sur le marché d’occasion une semaine à peine après leur sortie, réduisant d’autant les ventes neuves et les droits d’auteur  .

 

La proposition de taxe sur les livres d’occasion : genèse et mécanique

  • Origine : dès avril 2024, Emmanuel Macron évoque la création d’une contribution visant surtout les grandes places de marché.

  • Montant : 3 % du prix de vente versé à un fonds de soutien (modalités encore discutées).

  • Cible : plateformes de e-commerce et logisticiens spécialisés, pas les bouquinistes indépendants, selon Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition (SNE), favorable au principe.

Le ministère prévoit de déposer un projet de loi avant fin 2025, la mesure pouvant rapporter « plusieurs millions » par an à la création – un chiffre non chiffré officiellement mais évoqué par l’interprofession lors du dernier Festival du Livre de Paris.

 

Pourquoi la contribution divise

 

Arguments « pour »

  • Équité : un micro-prélèvement redistribue la valeur où elle se crée.

  • Traçabilité : enregistrer chaque revente ISBN aiderait à mesurer le cycle de vie réel des ouvrages.

Arguments « contre »

  • Effet-prix : selon Dorian Lovera (La Bourse aux Livres), l’opération rognerait des marges déjà modestes et pourrait renchérir l’offre  .

  • Risque d’évasion : rien n’empêcherait les transactions de migrer vers des places de marché hors UE non assujetties.

  • Complexité : collecter quelques centimes sur des millions de micro-ventes suppose un back-office coûteux, inatteignable pour de petites associations.

 

Alternatives sur la table

  1. Fonds volontaire inter-plateformes sur le modèle de la SOFIA pour le prêt en bibliothèque.

  2. Micro-don optionnel ajouté au panier : déjà testé par Label Emmaüs, dont 5 % des acheteurs arrondissent l’addition.

  3. Traçabilité dynamique de l’ISBN pour ajuster les tirages neufs et diminuer le pilon, libérant des marges.

  4. Abonnement solidaire mêlant livres neufs et d’occasion avec reversement automatique à la création.

Ce qui se joue pour l’économie circulaire

Le livre d’occasion a longtemps été l’antichambre sociale de la lecture : étudiants, familles modestes, bibliovores compulsifs. Amputer cette filière d’1,50 € sur un lot de cinq poches troqués en vide-grenier pourrait pousser certains vers le tout-numérique gratuit, préviennent les plateformes. A contrario, les auteurs rappellent qu’ils touchent 0 € sur ces mêmes échanges et que la création littéraire risque de s’appauvrir si l’on ne trouve pas de compromis. 

 

Entre désir de justice créative et impératif d’accessibilité, la taxe livre d’occasion 2025 cristallise un choix de société : financer la culture par une contribution quasi imperceptible ou préserver la fluidité d’un marché circulaire plébiscité.

👉 Pour suivre l’évolution du dossier et découvrir les coulisses de l’économie circulaire du livre, parcourez nos dossiers sur La Bourse aux Livres ou la tribune de Dorian Lovera, et abonnez-vous à la newsletter Seconde Media !

Vous pourriez aimer

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour ne rien manquer !

Coming Soon

Suivez-nous sur Insta, on y arrive bientôt !