Pendant huit jours, du 7 au 14 juin 2025, Marseille a troqué le rythme effréné des podiums pour une cadence méditerranéenne plus douce. La toute première Slow Fashion Week Marseille a rassemblé créateurs, friperies, écoles et citoyens autour d’un même credo : produire moins, prolonger la vie des vêtements et célébrer la richesse locale. Imaginée par le collectif BAGA, l’opération signe une nouvelle étape dans l’histoire française de la mode responsable.
Slow Fashion Week Marseille 2025 : la mode ralentit et s’ancre dans le Vieux-Port
Plus de cinquante rendez-vous – défilés, ateliers d’upcycling, repair cafés, visites d’ateliers et conférences – ont essaimé dans toute la cité phocéenne.
FASK, le cluster régional des métiers de la mode, a de son côté annoncé « plus d’une trentaine d’événements gratuits et ouverts à tous » dans son programme officiel, prouvant l’ampleur prise par le mouvement.
Parmi les temps forts, un défilé sur un voilier amarré à l’esplanade J4 du MuCEM : silhouettes upcyclées, drapeaux cousus dans d’anciennes voiles et, en toile de fond, la mer d’un bleu presque irréel.
Marseille, terre d’accueil naturelle pour la slow fashion
Créé début 2023, le collectif BAGA fédère déjà 84 membres – marques éthiques, artisans, écoles et plateformes de seconde main – qui promeuvent une mode circulaire au cœur de la région Sud.
Cette densité d’initiatives, couplée à la tradition maritime et au brassage culturel marseillais, explique le choix de la ville comme pionnière d’une Slow Fashion Week française.
Ici, pas de front-rows réservés : les défilés se tenaient tantôt sur un catamaran, tantôt dans une cour d’école transformée en friperie éphémère. Le public passait sans effort du marché aux puces de la Joliette à un atelier de teinture végétale dans le Panier, découvrant au passage les petites mains qui redessinent la filière.
La seconde main en haut du podium
Le succès de l’événement confirme la montée en puissance du re-commerce. Les visiteurs pouvaient déposer leurs jeans troués au « Bar à Coudre » avant d’aller chiner des pièces uniques dans une boutique itinérante montée pour l’occasion.
Cette appétence n’est pas un hasard : sur le marché, les plateformes consolident leur présence hors ligne, à l’image du House of Vinted pop-up store, tandis que le modèle « Resale-as-a-Service » séduit des marques toujours plus nombreuses grâce à des acteurs comme Faume, qui vient de lever 8 millions d’euros. À Marseille, ces tendances globales se matérialisent dans la rue : chaque corner de la Slow Fashion Week proposait un geste concret pour prolonger la vie d’un vêtement.
Un cadre politique qui pousse à changer de rythme
La semaine s’est déroulée quelques jours après le vote au Sénat de la proposition de loi “anti fast-fashion” du 10 juin 2025. Le texte, qui doit encore passer en commission mixte paritaire, prévoit un système de bonus-malus et des restrictions de publicité pour les enseignes les plus polluantes.
De quoi conforter le virage pris par l’écosystème marseillais et illustrer, dans les faits, les constats que nous détaillions déjà dans notre analyse sur loi anti fast fashion : réglementation et innovation citoyenne avancent désormais main dans la main.
Ce qu’il faut retenir
Un nouveau modèle de Fashion Week : populaire, gratuite et répartie sur la ville plutôt que concentrée dans un palais des festivals.
Une mobilisation massive : plus de cinquante événements, dont une trentaine pilotés par FASK, pour quelque 5 000 visiteurs selon les organisateurs.
Un impact territorial : la majorité des marques invitées sont installées dans un rayon de 50 km et produisent en circuits courts, réduisant transport et bilan carbone.

Et maintenant, à vous de jouer !
La Slow Fashion Week Marseille referme ses voiles, mais la dynamique continue. Triez votre dressing, confiez vos pièces dormantes à la revente, ou passez voir un atelier couture près de chez vous. Vous voulez rester à l’affût des prochaines dates ? Abonnez-vous à la newsletter de Seconde Media et explorez nos dossiers pour entrer, vous aussi, dans la ronde vertueuse de la slow fashion.
Parce qu’à Marseille, on l’a compris : ralentir n’est pas renoncer, c’est choisir de faire durer.