Entreprendre dans la seconde main : Camille Colbus (Dero) décrypte le secteur

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La seconde main séduit de plus en plus d’entrepreneurs. Mais derrière l’engouement se cachent des réalités logistiques, économiques et culturelles parfois complexes. Camille Colbus, directrice des opérations chez Dero et ex-première salariée de Too Good To Go mené par Lucie Basch – qui vient de lancer Poppins –, partage sa vision du marché et les clés pour s’y lancer avec impact et réalisme.

Un parcours au service de l’impact social et evironnemental

Dès ses débuts professionnels, Camille Colbus a choisi l’impact comme boussole. Elle rejoint Too Good To Go dès ses débuts en France, où elle restera sept ans et contribuera à construire le leader de l’anti-gaspillage alimentaire. Son moteur : démocratiser et sensibiliser le plus grand nombre aux modes de consommation responsables.

Aujourd’hui chez Dero, elle continue de faire bouger les lignes. “J’ai eu envie d’élargir ma mission, au-delà de l’alimentaire, pour accompagner la transition sur tous les produits du quotidien.”

 

Entreprendre dans la seconde main : trois défis à relever

Pour entreprendre dans la seconde main, Camille identifie trois enjeux majeurs que tout porteur de projet devrait anticiper. 

Le gisement : cœur du modèle économique

Contrairement aux produits neufs, la seconde main dépend d’un gisement limité et morcelé. Sans une stratégie solide d’approvisionnement, difficile de créer une offre complète et fiable.

Le business model : trouver la rentabilité malgré la faible marge

“Dans la seconde main, les marges sont structurellement plus faibles”, explique Camille. Les grands distributeurs comme Fnac ou Darty l’ont compris et investissent le reconditionné pour récupérer de la valeur sur ces produits, tout en renforçant leur position d’acteur responsable.

Le consommateur : changer les mentalités pour généraliser l’usage

Si l’électronique reconditionné séduit désormais, d’autres catégories restent à convaincre. Selon Camille, “la société reste marquée par l’idée du neuf et l’immédiateté : tout, tout de suite, au prix le plus bas. Il y a un gros travail d’éducation pour faire percevoir la valeur de la seconde main, même à -30 % sur un lave-vaisselle.”


 

Dero : une plateforme pour centraliser la seconde main

Créée il y a un an et demi, Dero a pour ambition d’agréger l’ensemble des offres de seconde main pour répondre à tous les besoins. Aujourd’hui, la plateforme référence déjà plus de 3 millions de produits grâce à ses 65 partenaires, parmi lesquels Selency, Fnac, Darty, Back Market, Label Emmaüs ou encore Yuna. Son modèle repose sur la fiabilité. Seules des plateformes certifiées sont intégrées, garantissant reconditionnement et sécurité, notamment pour les produits sensibles comme les jeux et jouets enfants.

“On ne pousse pas à la consommation. D’ailleurs sur notre site vous pouvez voir la mention « La nuit porte conseil’ rappelle qu’un achat doit être réfléchi.”

Grâce à cette approche, Dero attire 10 000 visiteurs chaque semaine et a déjà permis d’éviter plus de 30 tonnes de CO2 émises, en partenariat avec l’ADEME.


 

Électroménager : le prochain grand marché de la seconde main ?

Parmi les nombreuses catégories de produits d’occasion, l’électroménager attire particulièrement l’attention de Camille Colbus. Selon elle, il est en voie pour prendre la suite de l’électronique en matière d’adoption. Après le boom du smartphone reconditionné, c’est aujourd’hui au tour des lave-vaisselles, fours et lave-linges d’entrer dans la danse de l’économie circulaire grâce à des acteurs comme Underdog.

 

La clé du succès : Un service à la hauteur du neuf

Elle observe que plusieurs acteurs commencent à proposer des produits électroménagers reconditionnés avec les mêmes garanties que le neuf, souvent jusqu’à trois ans. Une évolution majeure qui rassure le consommateur et lève l’un des freins historiques de ce marché : la confiance. Car jusqu’à présent, acheter un appareil reconditionné signifiait souvent sacrifier la sécurité d’un service après-vente fiable ou d’une garantie long terme. Cette époque est révolue.

“C’est un secteur prêt à décoller. Si l’on combine fiabilité, garantie et prix attractif, l’électroménager deviendra un réflexe.”

Enfin, l’arrivée d’acteurs comme Dero, qui agrègent l’offre de multiples partenaires, facilite l’accès à ces produits encore peu visibles sur le marché. Les consommateurs peuvent désormais comparer en quelques clics différentes marques, gammes et états, avec la même expérience utilisateur que sur le neuf.

 

Des initiatives qui l’inspirent au quotidien

Parmi les projets qui la motivent, Camille cite Longue vie aux objets” de l’ADEME, la blanchisserie de linge de maison reconditionné Yuna, et le programme seconde main de Leroy Merlin, qu’elle salue pour son engagement écologique authentique.

 

Entreprendre dans la seconde main : un marché exigeant mais porteur de sens

Camille Colbus rappelle que la seconde main est un marché encore jeune, marqué par de nombreux défis logistiques, économiques et culturels. Trouver la bonne formule, garantir la qualité des produits, changer la perception des consommateurs : tout cela demande de la résilience, de la créativité et un engagement profond.

C’est précisément ce qui en fait un terrain d’aventure unique pour les entrepreneurs. Contrairement à d’autres secteurs déjà saturés, la seconde main laisse de la place à l’innovation, aux nouveaux modèles hybrides et aux synergies inattendues entre acteurs du reconditionné, de la logistique, du retail et de la tech.

“C’est un marché encore balbutiant. Il y a tout à construire, et c’est ce qui le rend passionnant.”

👉 À tous ceux qui souhaitent entreprendre pour un avenir plus durable, la seconde main offre un champ des possibles encore largement à explorer. Et Seconde Media continuera d’en décrypter les initiatives et de donner la parole à celles et ceux qui osent inventer une consommation plus responsable.


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