Le marché de la seconde main de luxe connaît une nouvelle secousse : Monogram Paris, pionnier du dépôt-vente haut de gamme en ligne, a annoncé sa mise en liquidation judiciaire. Une nouvelle qui secoue l’écosystème des plateformes responsables, à l’heure où l’engouement pour la mode circulaire ne faiblit pas.
La chute d’un pionnier du luxe d’occasion
Fondée en 2009, Monogram Paris s’était imposée comme une référence incontournable pour les amateurs de mode de luxe accessible. Avec une sélection rigoureuse de pièces de créateurs — de Chanel à Hermès — la plateforme revendiquait un modèle à la fois responsable, qualitatif et transparent.
Mais depuis début juillet, les indices d’un malaise profond se sont multipliés. Le site officiel affiche une page de maintenance énigmatique. Sur Instagram, les messages restent flous, et les commentaires des internautes s’interrogent : retards d’envois, absence de remboursement, service client aux abonnés absents… Le signal le plus clair est tombé mi-juillet via les réseaux sociaux : Monogram est placé en liquidation judiciaire.
Dans un post relayé sur Instagram et Threads, la fondatrice annonce son impuissance à sauver l’entreprise malgré plusieurs mois de recherche d’un repreneur. “Nous avons tout essayé” écrit-elle, évoquant notamment un braquage récent qui aurait aggravé les tensions financières de l’entreprise.
Un contexte difficile pour les plateformes de seconde main
Monogram n’est pas un cas isolé. Ces derniers mois, plusieurs acteurs du secteur ont connu des turbulences. C’est le cas notamment d’Omaj, autre plateforme française orientée vers la mode éthique et durable, actuellement en redressement judiciaire. Dans notre article dédié, nous analysons comment le redressement d’Omaj en début d’année 2025 révèle une fragilité structurelle dans les modèles fondés sur des marges faibles et des coûts logistiques élevés.
Comme Omaj, Monogram a sans doute souffert de la difficulté à concilier ambition éthique et rentabilité économique. La concurrence des marketplaces géantes, les exigences des consommateurs en matière de service et de délai, ainsi qu’un manque de financements adaptés sont autant de facteurs qui pèsent lourd dans la balance.
Le cas Monogram montre à quel point il reste complexe de pérenniser une activité de seconde main de luxe avec une exigence de qualité de service. Le dépôt-vente, s’il garantit la sélection et l’authenticité, impose des frais de logistique, de gestion et de SAV importants.
Une plateforme emblématique et respectée
La disparition de Monogram n’est pas anodine. Cette plateforme incarnait une vision soignée, premium, presque curatoriale de la seconde main. Les clientes y trouvaient non seulement des pièces rares et désirables, mais aussi un accompagnement dans la revente, la conservation des produits, le style.
Elle s’était aussi distinguée par son approche éditoriale élégante et engagée. En mettant en avant des pièces iconiques tout en promouvant la consommation responsable, Monogram avait su créer une communauté fidèle autour de ses valeurs.
Avec cette liquidation, le secteur perd un acteur qui avait su inspirer confiance à ses utilisatrices, bien au-delà d’une simple fonction de revente.
Des signes d’un modèle à réinventer
Au-delà de l’émotion, la liquidation de Monogram pose une question cruciale : comment rendre viable une plateforme de seconde main de luxe, tout en respectant les valeurs de durabilité et d’éthique ?
Certaines initiatives semblent y parvenir. C’est le cas de Paradigme, dont notre analyse approfondie sur Paradigme met en lumière un modèle hybride mêlant personal shopping, revente sur rendez-vous et sélection hautement qualitative. La plateforme a su créer une expérience différenciante, en phase avec les attentes des acheteurs de seconde main premium.
Mais tous n’ont pas la capacité d’investir autant dans la logistique ou dans l’expérience client. La clé semble résider dans l’innovation logistique, l’accompagnement client et la diversification des sources de revenus, que ce soit par l’abonnement, le conseil ou le B2B.
Monogram, symptôme ou tournant ?
La liquidation de Monogram Paris est-elle un accident de parcours ou le symptôme d’une difficulté plus globale du secteur ? La réponse tient sans doute des deux.
D’un côté, l’émotion autour de cette fermeture montre l’attachement à un modèle exigeant, qui valorise les pièces et les clientes. De l’autre, cette fin brutale souligne les défis que rencontrent les structures indépendantes face aux mastodontes du e-commerce.
La seconde main n’a jamais été aussi populaire. Mais la professionnalisation du secteur est encore en construction, et toutes les entreprises ne disposent pas des outils ni du capital nécessaires pour résister aux à-coups.
Ce qu’il faut retenir
Monogram Paris tire sa révérence, mais l’histoire de la seconde main de luxe continue de s’écrire. Pour les actrices et acteurs du secteur, cette actualité rappelle l’importance d’un modèle économique solide, d’une logistique fluide et d’un lien de confiance avec la communauté.
Chez Seconde Media, nous continuerons à suivre et analyser ces mutations avec attention. Si le sujet vous intéresse, nous vous invitons à :
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