La mode circulaire ne se limite plus à l’Europe. En février 2025, Dabchy – pionnière tunisienne de la revente de mode – a annoncé la clôture d’un tour de pré‑Série A à sept chiffres. Le tour est mené par Janngo Capital, avec Renew Capital, Village Capital et des business angels, dont Karim Beguir (cofondateur d’InstaDeep). Objectif : améliorer l’expérience utilisateur, accélérer l’expansion géographique et diversifier l’offre bien au‑delà du dressing féminin.
Cette opération conforte la trajectoire d’un acteur local qui connaît son terrain. Dabchy a déjà mis un pied hors de Tunisie, en Égypte, et vise désormais toute la région MENA. Un mouvement qui s’inscrit dans un écosystème en ébullition.
Dabchy, une levée de fonds stratégique pour se diversifier et conquérir de nouveaux marchés
Un tour de table pour passer la surmultipliée
Le 18‑19 février 2025, Dabchy officialise le closing de sa pré‑Série A. Le tour, à sept chiffres, est mené par Janngo Capital, fonds panafricain engagé sur l’égalité femmes‑hommes, accompagné par Renew Capital et Village Capital. Plusieurs business angels reconnus y participent, dont Karim Beguir. Le communiqué met l’accent sur la double promesse : scaler la plateforme et renforcer un impact social/environnemental tangible.
Une offre qui s’élargit au‑delà du vestiaire féminin
Dabchy ne se contente plus de la mode femme. La société lance Dabchy Men, et ouvre des rayons Maison, Sport, Livres et Jeux. Cette diversification répond à un usage “foyer” plutôt qu’individualisé. Elle augmente la fréquence d’achat et permet de capter de nouvelles communautés d’acheteurs. Cette orientation « multi‑catégories » est explicitement mentionnée par l’entreprise et ses investisseurs.
Une base d’utilisateurs déjà massive
Côté traction, Dabchy revendique plus de 1,3 million d’utilisateurs. À l’échelle tunisienne, c’est plus de 10 % de la population. Cette taille critique confère un avantage sur l’acquisition organique, l’animation de la communauté et la liquidité des catalogues. Ces chiffres sont confirmés par plusieurs médias tech africains.
Expansion géographique : Égypte aujourd’hui, MENA demain
Dabchy opère déjà en Égypte et cible l’extension de son modèle dans la région, avec un cap clair : MENA d’ici 2026. Dans le détail, le Maroc, l’Algérie et les pays du Golfe figurent en haut de la feuille de route, comme l’indiquent les prises de parole d’Ameni Mansouri dans la presse économique africaine.
Ce que change cette levée pour la mode circulaire et Dabchy
1) Un avantage local décisif
La connaissance fine des marchés d’Afrique du Nord est un levier puissant. Les habitudes de paiement, de livraison, de SAV ou de confiance entre particuliers varient d’un pays à l’autre. Un acteur régional qui adapte son interface, ses moyens de paiement et sa logistique peut améliorer la conversion sans brûler son budget d’acquisition. C’est l’un des marqueurs de Dabchy.
2) La diversification comme relais de croissance durable
Passer d’une verticale “mode femme” à une plateforme multi‑univers élargit le panier moyen et la fréquence des visites. Lancer Dabchy Men est logique : la mode masculine de seconde main progresse partout. Les rubriques Maison et Sport adressent, elles, des cycles de vie produits différents, souvent plus longs. Résultat : une valeur vie client qui s’étire, et une exposition moindre aux saisons de la mode.
3) Un momentum MENA favorable
La région compte une jeunesse connectée, friande de solutions accessibles et durables. Le re‑commerce apporte une réponse crédible à l’équation pouvoir d’achat / style / conscience écologique. L’implantation en Égypte donne à Dabchy un terrain d’apprentissage à grande échelle, utile avant d’entrer au Maroc, en Algérie et dans le Golfe.
4) Un impact mesurable côté industrie locale
Côté macro, le textile/habillement reste un pilier de l’économie tunisienne : environ 160 000 emplois, des exportations autour de 3 Mds €, et une contribution au PIB proche de 5,5 % selon des sources professionnelles récentes. En digitalisant les flux d’occasion, des acteurs comme Dabchy soutiennent l’écosystème (emplois services, logistique, qualité, reconditionnement) et créent des passerelles avec le neuf (retours magasin, bon d’achat, réassort circulaire).
5) Un secteur qui se professionnalise, en France comme en MENA
L’évolution de Dabchy résonne avec ce que l’on observe en France :
– Smala ouvre son capital pour accélérer une offre seconde main enfants rentable et intégrée ; l’exemple illustre l’intérêt d’investissements “à impact” dans le re‑commerce.
– Fripari se positionne “mode éthique, vintage et upcycling, preuve que la curation et la qualité éditoriale apportent de la valeur au‑delà du prix.
– Armor‑Lux lance sa plateforme de seconde main avec Faume, symbole d’une industrialisation de la revente côté marques, qui souhaitent reprendre la main sur la donnée, la marge et l’expérience client.
Ces cas dessinent un même mouvement : plus de pro, plus de SaaS, plus de logistique maîtrisée – et des expériences de vente/achat qui se rapprochent des standards du neuf.
Focus « produit » : pourquoi l’expérience compte
La bataille du C2C ne se gagne pas qu’avec des budgets marketing. Elle se gagne surtout sur l’expérience :
Onboarding vendeur simple (photo, description, prix intelligent),
Paiement & livraison intégrés,
Modération pour réduire les frictions,
Confiance (notation, service client, protection acheteur/vendeur),
Découverte (filtres pertinents, recommandations, recherche performante).
C’est précisément ce que la levée doit financer : une UX mobile qui transforme un « scroll » en transaction et fidélise la communauté sur la durée.
Positionnement & concurrence : le bon cadrage
Dabchy se présente comme un champion régional de l’e‑commerce circulaire. La comparaison avec les géants globaux type Vinted n’a de sens que sur la mécanique produit. Sur le terrain, la connaissance locale (paiements, relais, SAV, psychologie prix, calendrier culturel) reste un moat sous‑estimé des plateformes régionales. C’est là que se joue la différence dans la mode circulaire MENA.
Dabchy et la mode circulaire au MENA : la formule n’a jamais été aussi concrète. Avec une pré‑Série A solide, une diversification ambitieuse et des marchés cibles clairement identifiés, la startup dispose des briques pour changer de dimension. Les mois à venir permettront de mesurer la vitesse d’exécution côté produit, logistique et marchés.
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