Family Affaire ferme ses portes : la fin d’une belle aventure dans la seconde main pour enfants

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Le secteur de la seconde main pour enfants perd l’un de ses acteurs les plus appréciés. Family Affaire, boutique fondée en 2017 par Agathe Fontaine et Julie Canipel, annonce la fermeture de son activité, après sept années de croissance.

Contrairement à d’autres disparitions récentes dans le secteur, cette décision n’est pas liée à des difficultés financières. Family Affaire était rentable, autofinancée, en pleine croissance. Il s’agit d’un choix volontaire, porté par une envie de changement personnel et professionnel des fondatrices. Une fermeture sereine, mais symbolique, dans un secteur en tension.

 

Une fermeture choisie, mais révélatrice

Family Affaire n’est pas un cas d’échec, au contraire. Elle fait partie de ces rares structures à avoir maintenu un modèle économiquement viable, sans levée de fonds, ni dépendance extérieure. C’est justement ce qui rend la décision des fondatrices d’autant plus forte : quitter une entreprise qui fonctionne, pour explorer d’autres chemins.

Mais cette fin n’est pas dénuée de réflexion stratégique. Si la croissance était là, un frein majeur subsistait : la TVA appliquée aux modèles de revente, notamment dans le cadre du dépôt-vente. Un levier fiscal encore mal adapté aux spécificités de la seconde main intermédiaire.

 

Une boutique de seconde main pas comme les autres

Née à Paris, Family Affaire s’était donné pour mission de rendre la seconde main chic et accessible. Elle proposait une sélection raffinée de vêtements pour enfants, issus des plus belles marques (Amaia, Bonpoint, Bonton, etc.), avec un service soigné.

Au fil des années, la boutique s’est forgée une communauté fidèle, séduite par sa promesse : simplifier la revente de vêtements de qualité tout en valorisant les pièces. Le site recensait plus de 30 000 références, soigneusement triées, et un point de vente physique renforçait l’ancrage local.

En septembre 2025, un mail a annoncé sobrement : « C’est la fin de Family Affaire… » Le ton était sincère, presque intime. La liquidation est effective, avec –30 % sur l’ensemble de la boutique, et –25 % supplémentaires sur la marque Amaia. Une précision importante : aucun retour ne sera accepté. L’équipe remercie ses clientes et clients pour leur fidélité et clôture l’aventure avec élégance.

 

Une tendance sectorielle qui se confirme

Family Affaire rejoint d’autres acteurs spécialisés ayant récemment arrêté leur activité, pour des raisons parfois différentes.

Le cas d’izidore

En 2024, izidore, spécialisé dans les meubles de seconde main, a cessé ses opérations. Son modèle, basé sur l’accompagnement des ventes entre particuliers, s’est heurté à des coûts logistiques trop lourds. Dans notre article « izidore tire sa révérence », nous analysions cette fermeture comme un signal d’alerte pour les modèles hybrides entre tech et logistique.

Omaj, une promesse de simplicité qui n’a pas tenu

Autre fermeture marquante : celle d’OMAJ, en avril 2025. La plateforme proposait un service de revente clé en main pour les vêtements femme, avec collecte, tri, photo et expédition pris en charge. Malgré une expérience fluide et une communication bien rodée, Omaj n’a pas réussi à pérenniser son modèle. Comme pour d’autres, le coût du service et l’exigence opérationnelle ont eu raison du projet.

Monogram Paris et la revente de luxe

Même dans le haut de gamme, la seconde main n’est pas à l’abri. Monogram Paris, boutique de dépôt-vente de luxe, a été placée en liquidation judiciaire. Malgré une clientèle fidèle et un positionnement haut de gamme, l’entreprise n’a pas survécu à la pression économique. 

Luxe Collective, une fermeture choc

Autre exemple frappant : Luxe Collective, une plateforme britannique très suivie, a annoncé sa fermeture début 2025. Elle aussi proposait un service premium, reposant sur une forte présence sur les réseaux sociaux. Mais cela n’a pas suffi. Comme l’explique notre article « Fermeture de Luxe Collective », même les entreprises à forte visibilité peuvent être fragilisées par des modèles trop coûteux.

 

TVA et seconde main : un vrai sujet structurel

Le cas de Family Affaire met en lumière un problème structurel du marché français : le traitement fiscal de la revente.

La TVA sur marge, censée encourager la circularité, reste difficile à appliquer et souvent défavorable aux petits acteurs. Pour des plateformes intermédiaires, qui ne sont ni marketplaces ni revendeurs directs, cela crée des distorsions économiques.

Family Affaire, bien que rentable, n’a pas pu ignorer cet impact à long terme. Ce n’est pas la seule raison de la fermeture, mais elle reflète les contraintes invisibles qui pèsent sur les modèles responsables.

 

Ce que cela change pour les clients

Pour les clientes et clients de Family Affaire, il reste quelques jours pour profiter de la liquidation. Robes, manteaux, pulls, chaussures… de belles pièces sont encore disponibles. Un dernier coup de pouce qui compte, pour clôturer proprement une aventure exemplaire.

 

Un message pour l’écosystème

La fermeture de Family Affaire doit être lue comme un signal positif et critique à la fois.

Positif, car il est possible d’être rentable dans la seconde main, sans levée de fonds, sans hypercroissance, en gardant ses valeurs.

Critique, car ce modèle reste pénalisé par un cadre fiscal et logistique trop rigide.

Soutenir ces initiatives ne passe pas seulement par consommer chez elles. Cela implique aussi de faire évoluer les règles du jeu, pour que ces entreprises puissent grandir sans renoncer à ce qui les rend utiles.

 

Une page se tourne, avec cohérence

Family Affaire ferme, mais sans échec ni regrets. Agathe Fontaine et Julie Canipel ont porté leur projet avec exigence, cohérence et élégance. Elles partent vers d’autres horizons, après avoir prouvé qu’une autre seconde main était possible.

Souhaitons-leur une belle continuation. Et espérons que leur parcours inspirera d’autres à suivre la même voie — avec, peut-être, plus d’outils pour durer.

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