Youzd : la fin d’une aventure pour la seconde main

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C’est une annonce qui (de nouveau) a secoué l’écosystème de la seconde main en France. Youzd, la plateforme de revente de mobilier et d’électroménager entre particuliers et professionnels, a été placée en liquidation judiciaire. Fondée avec l’ambition de rendre la seconde main aussi simple et fiable que le neuf, la start-up n’a pas réussi à franchir un cap pourtant décisif pour le secteur.

Derrière cette fermeture, une question : qu’est-ce que cet épisode révèle des défis structurels de la filière ? Et surtout, comment les acteurs et les consommateurs peuvent-ils en tirer les bons enseignements pour construire une économie circulaire plus durable ?

 

Youzd, une success story contrariée

Lancée en 2020, Youzd avait rapidement séduit par son concept clair : permettre à chacun d’acheter et vendre facilement des meubles, objets déco ou électroménagers d’occasion, avec livraison clé en main. L’objectif : simplifier la seconde main, trop souvent jugée contraignante à cause de la logistique et du manque de garanties.

L’ambition de youzd a toujours été de vouloir “rendre la seconde main accessible à tous”. La promesse était forte : conjuguer économie circulaire, confort d’usage et style.

Mais malgré un marché porteur et un réel engouement, la plateforme n’a pas trouvé son équilibre économique.

Le message posté sur LinkedIn par la cofondatrice Ilfynn Lagarde a confirmé la nouvelle : l’aventure Youzd s’arrête. Dans un billet publié sur son blog, Axel Leroy revient sur la complexité du modèle, la dépendance aux coûts logistiques et la difficulté à maintenir la qualité de service dans un secteur à faibles marges.

 

Comprendre la liquidation judiciaire de Youzd

La liquidation judiciaire est une procédure légale prononcée lorsque l’entreprise ne peut plus faire face à ses dettes et qu’aucune reprise n’est envisageable.

Concrètement, cela signifie que l’activité de Youzd s’arrête et que les actifs restants (stock, marque, outils) peuvent être rachetés par d’autres acteurs.

Pour les utilisateurs, cette procédure se traduit souvent par :

  • l’arrêt des ventes et livraisons en cours,

  • la suspension du service client,

  • la fin des remboursements potentiels en dehors du cadre légal.

 

Ce type d’événement n’est pas rare dans la tech à impact : il met en lumière les fragilités d’un modèle d’affaires dépendant du volume et de la logistique. Le marché de la seconde main ne manque pas de demande, mais la rentabilité reste complexe à atteindre quand chaque transaction nécessite transport, stockage ou vérification.

 

Une secousse dans un marché de la seconde main en pleine structuration

La fermeture de Youzd intervient dans un contexte où la seconde main a pourtant le vent en poupe. Selon l’Observatoire Seconde Media, près de 70 % des Français ont acheté ou vendu un bien d’occasion en 2024. Mais l’essor du marché s’accompagne d’une professionnalisation nécessaire.

Les consommateurs veulent des services fiables, rapides, esthétiques — et ce, sans effort.

Des acteurs comme Selency, pionnier du mobilier vintage en ligne, ont réussi à bâtir une communauté solide grâce à une identité forte et un positionnement haut de gamme. Leur modèle repose sur une curation soignée et une logistique maîtrisée, deux points critiques où beaucoup d’autres se sont heurtés à la réalité opérationnelle.

 

Que nous enseigne l’exemple Youzd ?

Youzd a eu l’audace de s’attaquer à l’un des maillons les plus complexes du réemploi : le mobilier et l’électroménager volumineux, des catégories coûteuses à transporter et difficiles à rentabiliser sans effet d’échelle.

Son échec n’invalide pas le modèle, il souligne la nécessité d’un ancrage local plus fort et d’un partenariat plus étroit entre plateformes, transporteurs et territoires.

Il montre aussi qu’il ne suffit pas d’avoir une mission “verte” pour durer : la durabilité économique reste le socle de toute transition.

D’autres acteurs du secteur ont compris l’importance de la coopération et de la pédagogie, à l’image de la campagne On passe la seconde”.

Son objectif : rendre la consommation responsable plus visible et désirable, en valorisant les initiatives locales et les solutions accessibles à tous.

 

Les signaux positifs à retenir

Malgré cette liquidation, le signal n’est pas uniquement négatif. Il traduit un moment de maturité pour la filière.

L’époque des start-up ultra-financées sans rentabilité cède la place à des modèles plus hybrides : marketplaces verticales, circuits de reprise intégrés, logistique mutualisée, ou encore partenariats entre grandes enseignes et acteurs du réemploi.

Des plateformes comme Geev, Back Market ou Selency démontrent qu’il est possible de concilier impact, esthétique et viabilité. Leurs réussites reposent sur la clarté du positionnement, la confiance des utilisateurs et une chaîne logistique industrialisée.

L’enjeu des prochaines années sera de rendre la seconde main aussi fluide et rassurante que le neuf, tout en conservant ses valeurs d’économie circulaire.

 

Et maintenant ?

Pour les consommatrices pragmatiques et engagées — celles qui veulent consommer mieux sans sacrifier leur confort — l’histoire de Youzd doit être lue comme un appel à la vigilance et à l’action.

Avant de choisir une plateforme, il est essentiel de vérifier :

  • la transparence des conditions de vente,

  • la fiabilité logistique,

  • l’engagement réel de l’entreprise envers la durabilité.

 

Cette fermeture n’annonce pas la fin du marché, mais le début d’une nouvelle phase de consolidation, où seules les structures solides, transparentes et coopératives survivront.

 

Conclusion – Transformer l’échec en leçon collective

La liquidation judiciaire de Youzd rappelle que la seconde main est un marché exigeant, mais porteur d’avenir. Pour les particuliers comme pour les entreprises, elle invite à repenser la notion de valeur : choisir des objets faits pour durer, soutenir les acteurs locaux, favoriser les circuits courts.

Les pionniers comme Youzd ouvrent la voie, même lorsqu’ils tombent. Leur expérience nourrit une filière en quête d’équilibre entre impact et performance.

Et pour celles et ceux qui croient encore à la circularité, l’histoire n’est pas finie : elle ne fait que se réécrire, un meuble, un geste et une prise de conscience à la fois.

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