Réparer plutôt que jeter : cette idée, longtemps marginale, s’impose désormais comme un pilier de l’économie circulaire. Face à la crise écologique et à la nécessité de réduire les déchets textiles, la marque Veja franchit un cap en inaugurant l’École de la réparation à Roubaix. Ce projet novateur vise à former une nouvelle génération d’artisans du repair, capables de prolonger la vie de nos vêtements et chaussures. Une initiative pionnière, qui pourrait bien transformer durablement les pratiques du secteur de la mode responsable.
La réparation, un savoir-faire qui revient sur le devant de la scène
Une école pour redonner vie aux objets… et aux métiers manuels
Implantée à Roubaix, ville symbolique du patrimoine textile français, l’École de la réparation Veja a ouvert ses portes avec une ambition claire : professionnaliser la réparation dans les secteurs du textile et de la chaussure. Financé à hauteur de 1,26 million d’euros, le projet bénéficie du soutien de partenaires publics et privés, dont la Métropole Européenne de Lille et des acteurs de la formation locale.
Le programme s’adresse en priorité aux personnes en reconversion ou éloignées du marché du travail. Les apprenants suivent un parcours intensif de 1 400 heures de formation rémunérée au SMIC, alternant ateliers pratiques et apprentissages théoriques. Objectif : leur permettre d’acquérir les compétences techniques nécessaires pour réparer, revaloriser et réinventer des produits usés — qu’il s’agisse de baskets Veja, de sacs ou de vêtements.
Cette approche s’inscrit dans la continuité de la démarche de la marque, déjà connue pour son transparence et sa production éthique. En ouvrant cette école, Veja souhaite aller plus loin que la simple vente de produits durables : elle entend structurer une filière du “réparer” en France.
Un projet aligné avec les besoins du marché
L’initiative de Veja arrive à un moment clé. Le bonus réparation, mis en place par le gouvernement français, incite déjà les consommateurs à faire réparer leurs biens plutôt que de les remplacer. Pourtant, un obstacle persiste : le manque de main-d’œuvre qualifiée.
Dans le textile comme dans la cordonnerie, les savoir-faire se perdent, faute de formation et de valorisation. L’école de la réparation comble ce vide en redonnant du sens et de la dignité à ces métiers manuels. Elle valorise l’expertise artisanale tout en répondant à la demande croissante des marques et des consommateurs pour des produits réparables, traçables et durables.
Ce modèle pourrait inspirer d’autres secteurs : l’électronique, la maroquinerie ou encore l’optique, où la réparation gagne du terrain.
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Réparer pour former, employer et transformer
Au-delà de la dimension écologique, cette école s’inscrit dans une dynamique sociale forte. À Roubaix, territoire marqué par la désindustrialisation, elle crée de nouvelles perspectives d’emploi local. Les stagiaires formés pourront intégrer des ateliers de réparation, lancer leur propre activité ou rejoindre des marques engagées.
C’est aussi un laboratoire d’innovation sociale : chaque paire réparée, chaque vêtement raccommodé, devient un symbole d’économie circulaire appliquée. À long terme, Veja espère essaimer ce modèle dans d’autres villes françaises, pour faire émerger un réseau d’écoles de réparation.
Ce type d’initiative montre qu’un autre modèle de production et de consommation est possible : local, inclusif et circulaire. En revalorisant les savoir-faire oubliés, elle redonne une place centrale à la main humaine dans un monde saturé par l’automatisation.
Une tendance de fond dans la mode et la seconde main
Le lancement de l’École de la réparation s’inscrit dans une tendance plus large observée chez de nombreuses marques. Patagonia, Ysé, Decathlon ou Damart ont, elles aussi, intégré des services de réparation à leur offre. Ces démarches ne relèvent plus du simple argument marketing : elles deviennent un levier stratégique pour fidéliser les clients et réduire l’empreinte environnementale du secteur.
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Pour les acteurs de la mode comme pour les consommateurs, la réparation devient ainsi une nouvelle forme d’engagement, entre responsabilité et créativité. Les marques y voient l’opportunité d’élargir leur modèle économique ; les clients, un moyen de prolonger la durée de vie de leurs produits tout en consommant autrement.
Un levier stratégique pour l’économie circulaire
Au-delà de l’aspect pédagogique, l’école Veja symbolise une évolution structurelle : la transition vers un modèle économique circulaire et localisé.
Former à la réparation, c’est :
Réduire le volume de déchets textiles ;
Créer des emplois non délocalisables ;
Soutenir les filières locales ;
Valoriser la sobriété comme moteur d’innovation.
Ce projet illustre le passage d’une économie de volume à une économie de valeur : réparer devient rentable, socialement utile et écologiquement pertinent.
L’École de la réparation de Veja n’est pas qu’un symbole : c’est un modèle concret à suivre. Pour les entreprises, elle prouve que durabilité et attractivité peuvent aller de pair. Pour les consommateurs, elle offre la possibilité de soutenir une mode plus cohérente et humaine.
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